La coopération entre associations et collectivités : sortir des liaisons dangereuses

La semaine dernière, j’ai eu l’honneur de participer aux assises de la solidarité organisées par le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de la ville de Reims. Ces rencontres, qui en étaient à leur 7ème édition, rassemblent les acteurs de la solidarité autour d’un thème commun. Les participants viennent d’horizons divers : acteurs associatifs, institutions comme la CPAM, et bien d’autres. Le format de ces assises est bien rodé : un débat introductif sur la thématique avec des invités nationaux, suivi d’ateliers collaboratifs, puis une restitution en grand groupe et enfin les réactions des intervenants de la table ronde aux propositions.

Ces assises illustrent ce que j’ai défendu pendant mes années en collectivités et à la tête de l’UNCCAS, la nécessité de se parler entre commune et associations pour un bénéfice mutuel.

Les associations sont de véritables piliers de la solidarité (mais c’est vrai dans tous les domaines de l’action municipale), agissent sur la base d’un projet à l’échelle d’un territoire d’action. Elles offrent des espaces d’implication citoyenne et permettent l’engagement pour le bien commun. Elles répondent aux besoins de la population dans tous les domaines de la vie quotidienne des habitants de la commune. Elles font face aux évolutions de la société en initiant des actions, en organisant les solidarités en innovant et en expérimentant.

Les communes et les associations partagent des forces et des difficultés. Du côté des forces, on peut citer la proximité, la connaissance du terrain et de ses habitants, la libre administration (constitutionnelle pour la commune et de fait pour les associations par loi de 1901), et la capacité d’agir sur de nombreux sujets émergents. Cependant, elles font face à des difficultés telles qu’une charge administrative de plus en plus lourde, des contraintes juridiques en constante inflation, la pression des responsabilités, la baisse des dotations, la multiplication des plans, instances, une organisation territoriale en constante mutation qui complexifient plus qu’elles n’aident.

Face à ces défis, il est crucial que les associations et les collectivités coopèrent. Les enjeux sont le lien social, la cohésion, le développement territorial et même l’économie locale. Bref l’enjeu ce sont les citoyens. Les tendances socio-économiques actuelles, génératrices de déséquilibres sociaux, obligent la commune à s’investir dans la protection des personnes les plus fragiles pour maintenir la cohésion sociale. La question est donc de savoir comment arriver à construire une complémentarité efficace entre collectivités et associations pour relever ces défis.

Pour atteindre cet objectif, plusieurs questions se posent. Du côté des associations, il faut connaître le projet politique de la commune, déterminer leurs propres priorités et comment, en respectant ses priorités, elles peuvent s’inscrire et contribuer au projet de la collectivité. Du côté de la commune, il faut déterminer de quelle manière et dans quelle mesure elle souhaite soutenir les associations, comment accompagner l’initiative associative, et quelle part de budget elle souhaite allouer à sa politique envers le tissu associatif. Car comme pour tout l’argent est le nerf de la guerre.

Dans la relation entre les associations et la commune, il est important de se connaître, de déterminer les objectifs communs, d’organiser et de planifier les actions, et de communiquer pour assurer la transparence. La confiance est essentielle pour établir des relations de qualité. La démarche doit être gagnant-gagnant, et pour cela, il est important d’évaluer l’intérêt pour chacun. Il est également un préalable, que je ne cesse de répéter, dès les premières rencontres il faut se dire les choses qui fâchent. Aucun travail commun ne peut se mettre en place si chacun garde dans sa tête les griefs, qui bien souvent tiennent plus des présupposés.

L’exemple des assises de Reims illustre parfaitement ces principes. L’organisation, la récurrence et le choix des participants démontrent l’importance que la municipalité accorde à cet événement. L’ouverture par le Maire renforce cette démonstration et les prises de paroles par le vice-président du département et le Sous-Préfet assurent la reconnaissance de l’exercice. L’animation par une personne extérieure mais reconnue par tous assure le respect des diverses opinions et évite le piège du ressenti d’une « main-mise ». La récurrence de ces rencontres permet d’instaurer, mais surtout d’entretenir un climat de confiance. Bien sûr, tout n’est pas parfait et certains acteurs montrent, par leur absence, la crainte d’une prise en main politique de leurs prérogatives associatives. Cependant, la participation à ces rencontres est une opportunité, et rien n’engage dans ce type de réunion. Ne pas y participer c’est s’exclure d’une dynamique.

Les problématiques évoquées, et principalement dans les domaines de la solidarité, ne peuvent que pâtir d’un non-travail en collaboration. Aucun acteur communal, que ce soit la Mairie ou les associations, n’est assez fort tout seul pour tout résoudre. Il est important de sortir au plus vite de cette vieille habitude, encore trop souvent présente, de penser que « mon pauvre est plus pauvre que ton pauvre ».

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