N’embauchez pas des vieux, offrez-vous de l’expérience !

La récente réforme des retraites a remis sur le tapis une question primordiale : celle de l’emploi des seniors. Sans entrer dans la question de l’équilibre du système de retraite, force est de constater que faire travailler plus longtemps est une bien belle idée (quoique) mais qui risque vite de se heurter à un principe de réalité que tout senior rencontre rapidement : se faire recruter au-delà de 40 ans.

Nous sommes pourtant qualifiés de seniors « employables ». Il faut dire que les quinquas et plus, nous avons passé la plus grande partie de notre vie au travail. Souvent dès 16 ans, parfois par obligation, parfois pour s’offrir des vacances ou une mobylette (l’ancêtre du vélo électrique).

Plus sérieusement, nous noterons plusieurs freins à cette accès à l’emploi. D’un côté, des offres demandant de plus en plus de compétences mais à des niveaux de rémunérations ne correspondant pas à ceux obtenus par des personnes ayant derrière eux jusqu’à 30 ans d’évolution salariale. De l’autre, une forme « d’âgisme » discriminant dans les processus de recrutement. Autant vous dire que si vous êtes une femme de 50 ans, au prénom exotique et vivant en banlieue le parcours de recrutement va ressembler à la quête du Graal. Et encore, mieux vaut miser sur la coupe en bois.

Un des freins principal reste que les recruteurs basent leur choix essentiellement sur les diplômes. Ah les diplômes…

On pourrait penser que dans un monde en constante évolution -qui avance souvent plus rapidement que n’importe quel cursus, tout en restant stable sur les fondamentaux à acquérir- il serait primordial de reconnaître que le succès ne se limite pas à un diplôme. Les entreprises, dans un contexte économique difficile devraient donc chercher des candidats capables de s’adapter, d’innover et de contribuer à cet environnement mouvant. Sur la base de ce postulat, le recrutement devrait logiquement mettre l’accent sur l’expérience, les compétences pratiques et les « soft skills » (terme barbare signifiant que vous n’êtes pas dénué de savoir-être et que vous savez nager en zone RH) des candidats. Trois critères que le seul diplôme ne garantit pas. Trois critères que les seniors peuvent, eux, maîtriser. Trois critères qui sont vérifiables.

Les seniors ont souvent vécu et résolu une variété de défis professionnels. Leurs expériences passées peuvent servir de référence pour aborder de nouvelles situations et guider l’entreprise dans des directions éclairées. Cette expérience pratique leur permet de prendre des décisions éclairées, renforçant ainsi la capacité de progression de l’entreprise.

En plus de leur expérience, les seniors sont souvent dotés de ces fameux soft skills. Normal : pour le meilleur et pour le pire, cela fait 30 ans qu’ils se frottent au leadership, à la communication, à la résolution de conflits et à la capacité à travailler en équipe. Ces aptitudes sont reconnues comme essentielles, par les DRH, pour maintenir un environnement de travail harmonieux et productif.

Les recruteurs qui lisent cet article doivent déjà se dire dans un coin de leur tête que cela n’empêche que les seniors sont moins adaptables aux nouvelles technologies et aux changements au prétexte qu’ils sont issus d’une autre époque. Je leur propose d’aller voir leurs collègues quinquas. Ils seront déçus car il y a peu de chance que ceux-ci travaillent avec du papier carbone et des encriers. Dans la réalité les seniors professionnels expérimentés font souvent preuve d’une grande volonté d’apprendre et de s’adapter. Leur capacité à saisir de nouvelles opportunités et à embrasser de nouvelles compétences les rend particulièrement précieux dans un monde en constante mutation. Ils ont un avantage sur les jeunes diplômés, ils savent d’expérience que rien dans la vie, professionnelle ou autre, ne fonctionne toujours comme prévu lorsque leur jeunes collègues sont persuadés que eux savent puisque qu’ils ont en poche un diplôme qui le dit.

Alors lorsqu’un recruteur choisit pour un poste de direction un diplômé d’une trentaine d’années car « forcément » ils a la compétence pour le poste, alors que malgré vos trente années d’expériences dans le poste vous n’avez pas de diplôme correspondant, vous vous dites que vous avez certainement échappé à un management pénible, mais vous vous dites plus sûrement que l’allongement de l’âge de départ à la retraite va être long. Très long.

Copyright Amayaga

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