The IA zone

« Au-delà des dimensions classiques, où l’homme projette ses pas, il en est une où s’échappent ses pensées les plus folles. C’est une dimension aussi vaste que l’espace, aussi démesurée que le temps. Un reflet changeant entre l’ombre et la lumière. Un champ d’hypothèses entre la science et la superstition. Un terrain glissant entre l’abîme de nos frayeurs et la cime de nos connaissances. Sublimant l’imagination, faisant éclater le rationnel, nous l’appellerons simplement la Quatrième Dimension. »

Les entreprises japonaises NTT et Yomiuri ont récemment publié un manifeste qui pourrait faire penser à un épisode de « Black Mirror » : elles nous interpellent sur le fait que l’intelligence artificielle (IA) puisse causer des ravages dans notre société si elle n’est pas régulée. Il parle même d’un effondrement de la démocratie et de l’ordre social, voire de conflits ! C’est comme si on avait laissé les robots prendre le contrôle et qu’ils avaient décidé de jouer à « 1984 » dans la vraie vie. Ou qu’on donnait naissance au futur Terminator !

Mais attendez, ce n’est pas tout ! Des experts et des leaders de l’industrie, y compris le PDG de Google, Sundar Pichai, se joignent à ce momentum et appellent à une régulation rapide de l’IA. Ils craignent que cette technologie ne perturbe profondément notre société dans les années à venir, avec des conséquences majeures sur l’emploi et la circulation de l’information.

Pichai déclarant même dans une interview sur la chaîne américaine CNBC que l’IA pourrait affecter tous les secteurs économiques, y compris et surtout les travailleurs intellectuels. Si nous en restions à la seule transformation de l’économie, nous pourrions être totalement optimistes et se dire que Schumpeter avait raison et que l’économie bénéficiera du principe de la destruction créatrice. Malheureusement le PDG de Google met aussi en garde contre la propagation accrue de fausses informations, soulignant que l’IA pourrait générer du contenu trompeur plus efficacement que votre voisin qui partage des théories du complot au bar d’à côté.

Ils ont tous raison, nous pouvons suivre le conseil de Pichai qui ne se contente pas de pointer du doigt les problèmes potentiels. Il appelle à une action rapide et estime que nous devons nous adapter rapidement aux changements induits par l’IA. Sinon, les choses pourraient rapidement mal tourner.

Malgré le constat émis et la nécessité de la réaction posés, Pichai émet des doutes quant à la capacité de nos institutions, notre société, à suivre la vitesse à laquelle la technologie évolue. Il pense que nous avons besoin de règles et de lois pour encadrer l’utilisation de l’IA et prévenir les abus. Il a même évoqué la possibilité de traités internationaux pour réguler l’IA à l’échelle mondiale.

Mais est-ce que tout cela sera suffisant pour contenir les risques associés à l’IA ? Les avertissements de Pichai et d’autres experts soulignent les défis complexes posés par cette technologie émergente. Certains pays, comme l’Union européenne, ont déjà pris des mesures pour réglementer l’IA, tandis que d’autres, comme les États-Unis et le Japon, semblent adopter une approche plus prudente. Attention toutefois à ne pas créer un « machin » qui est rarement la solution sur le long terme.

Il est important de réaliser que la régulation et l’interdiction ne sont pas les seules solutions. Au-delà de cela, il est crucial d’éduquer les citoyens à développer leur pensée critique pour faire face aux défis posés par l’IA. Les gens doivent être capables de discerner les fausses nouvelles des vraies, de comprendre comment l’IA peut être utilisée pour manipuler l’opinion publique et de prendre des décisions éclairées sur la façon dont ils interagissent avec cette technologie.

En fait, l’éducation à la pensée critique est peut-être même plus importante que la régulation ou l’interdiction. Après tout, les réglementations et les interdictions peuvent être contournées ou ignorées, mais une population bien informée et critique est plus difficile à tromper. Si les gens sont capables de détecter les fausses nouvelles et les manipulations de l’IA, ils seront moins susceptibles d’être influencés par elles.

De plus, l’éducation à la pensée critique ne se limite pas à l’IA. Elle est utile dans de nombreux domaines de la vie, tels que la politique, la santé et la consommation. En apprenant à penser de manière critique, les gens peuvent prendre des décisions plus éclairées et être des citoyens plus responsables.

Il est donc plus qu’urgent que les gouvernements, les écoles et les entreprises travaillent ensemble pour promouvoir l’éducation à la pensée critique. Cela pourrait inclure des programmes scolaires qui enseignent aux élèves comment évaluer les sources d’information, des campagnes de sensibilisation du public sur les dangers des fausses nouvelles et des initiatives de formation continue pour les travailleurs. Ce qui existe à l’heure actuelle ne semble pas faire ses preuves.

En fin de compte, la régulation de l’IA est un défi crucial pour la société dans son ensemble. Alors que la technologie continue de se développer à un rythme effréné, il est important de trouver un équilibre entre l’innovation et la protection des intérêts sociaux, économiques et démocratiques. Mais ne vous inquiétez pas trop, les robots ne prendront pas le contrôle, pas de « soulèvement des machines »… du moins, pas encore ! En attendant, concentrons-nous sur l’éducation et l’apprentissage de la pensée critique pour faire face aux défis posés par l’IA et d’autres technologies émergentes.

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